Verdict

« Coupable »

Du 24 juillet au 8 août 1961, se suivent le réquisitoire du procureur Hausner et la plaidoirie de Maître Servatius. Du 13 au 15 décembre 1961, la cour écoute les arguments contradictoires sur la peine à infliger et énonce son jugement : Eichmann est déclaré coupable et condamné à la peine de mort. Enfin, du 22 au 28 mars 1962, devant la cour suprême, se tient le jugement en appel qui confirme la sentence prononcée. Le jugement, l’appel et la sentence n’ont pas été tournés par Léo Hurwitz mais par une compagnie israélienne : Herzliya Studios.


L'exécution

Adolf Eichmann est le second condamné à mort exécuté dans l’histoire du pays (Meir Tobiansky, un officier de l'armée israélienne, accusé de trahison fut fusillé en 1948, mais réhabilité par la suite, quant à l'ancien nazi John Demjanjuk, condamné à mort en 1988, il fut relaxé en appel faute de preuves en 1993). Contrairement à une légende, la peine de mort n’a pas été « rétablie » pour lui, elle est explicitement prévue par loi pénale de 1950 sur les nazis et les collaborateurs, même si elle a été abolie pour les seuls crimes de droit commun en 1954. Son recours en grâce rejeté, Eichmann fut pendu dans sa prison, le 31 mai 1962, aux alentours de minuit."
L’annonce de sa condamnation a suscité des réactions hostiles, y compris en Israël. Des intellectuels et écrivains comme Martin Buber, Arthur Koestler, Pearl Buck, Arnold Toynbee pointèrent le risque d’un acte perçu comme une vengeance, d’autant que ce n’était plus un temps de guerre. Elle a suscité aussi nombre d’épisodes étonnants comme la requête des historiens de l’Institute for Contemporary Jewry, un nouveau centre créé pour écrire l’histoire de la Shoah, d’avoir la possibilité d’interroger Eichmann avant son exécution. Il fallut également construire un four à incinération spécial car ce mode d’inhumation, souhaité par l’accusé, étant proscrit par la tradition juive. En un ultime geste symbolique, le 1er juin 1962, vers 4h du matin, une vedette de la marine israélienne, dispersa les cendres d’Eichmann au-delà des eaux territoriales d’Israël afin d’éviter toute souillure. La page du procès était tournée, mais l’avenir n’en était pas pour autant allégé du fardeau du passé.